La demande des maisons d’édition aux auteurs auto-édités

Les maisons d’édition craindraient-elles l’auto-édition ?

Je réagis à un post publié sur les réseaux sociaux par une éditrice qui a fait analyser par son équipe une centaine de romans auto-édités et qui en a tiré cette conclusion : seuls 2 romans répondent aux critères de qualité attendus (vocabulaire, orthographe, construction de l’histoire et des personnages, couverture, mise en page). 

Elle nous informe aussi qu’en 2023, près d’un tiers des livres publiés le sont par leurs auteurs (un vrai boom depuis 10 ans).

Elle crie au scandale et semble craindre pour les pauvres lecteurs qui, de surcroît , n’investissent pas tellement dans l’achat de livre (budget moyen de 20€ par mois) mais privilégient les bibliothèques, l’échange, les boites à livre (je résume). 

Outre le fait que sa ME a pu consacrer autant de temps à lire des romans d’auto-édités en les analysant minutieusement selon une longue liste de critères, j’ai perçu au travers de son long soliloque: 

• Sa peur de devoir partager le maigre budget disponible ;
• Sa croyance limitée que les auteurs s’auto-éditent après avoir essuyé des refus de ME en raison de la piètre qualité de leur manuscrit ;
• Sa crainte de voir les lecteurs être pris pour des « pigeons » (je caricature).

Alors que..

• Seuls ceux qui croient qu’il n’y a pas assez pour tout le monde vivent dans le manque et imaginent devoir se battre pour avoir leur part. Hélas c’est une croyance très répandue et qui est un des obstacles majeurs à l’épanouissement des auteurs, des maisons d'édition et des librairies ;  
• La plupart des auteurs en auto édition le font par choix, parce qu’ils sont maîtres à bord et récoltent directement le bénéfice de leurs efforts ;
• Beaucoup d’auteurs sont ce que appelle des « hybrides », ayant des livres en Maisons d'Edition et en Auto-Edition ;
• Beaucoup d’auteurs sont heureux de récupérer leurs droits pour enfin faire vivre leurs livres et en assumer eux mêmes le succès (ou pas), parce que leur Maison d'Edition ne fait rien pour les promouvoir ;
• Les lecteurs sont très au fait des livres intéressants et de qualité et beaucoup sont heureux de lire des auteurs auto-édités ; aucune raison de s’inquiéter pour eux ! 

Tous les auteurs ont les mêmes difficultés

Cet article vient bien entendu titiller le fameux syndrome de l’imposteur que tout auteur un peu consciencieux voit surgir de temps à autre, devant sa feuille blanche, dans un salon, devant le nombre de ventes de ses autres amis auteurs, etc…

Cessons ce clivage inutile qui fait perdre beaucoup de temps et d’énergie. Et si on parlait solidarité ? Changeons les mentalités et arrêtons de croire que si tel auteur est en ME c’est qu’il est mieux que les autres.  

Un auteur auto édité s’entoure lui aussi de relecteurs, correcteurs, graphistes. 

Saviez vous que les ME lorgnent de plus en plus sur les auteurs auto-édités ? Quand vous leur envoyez votre manuscrit, elles sont de plus en plus nombreuses à vous proposer un bon de réduction pour vous auto-éditer sur une plate-forme et elles reçoivent un lien d’affiliation pour suivre vos ventes. Si vous vendez beaucoup, vous devenez intéressant à leurs yeux. Un contrat pourrait se signer… évidemment !

La littérature est affaire de goût et il arrive qu’une belle histoire touche son lecteur malgré une écriture encore maladroite. L’auteur est ravi de pouvoir s’améliorer car l’écriture est un travail permanent et il faut bien commencer quelque part.

Quelle chance aujourd’hui de pouvoir écrire, créer son univers, raconter ce qui nous touche, partager nos histoires, pour oser les publier, rencontrer les lecteurs et continuer à affiner sa plume ! Le monde évolue, celui de la littérature aussi.. 

Ce qui est vraiment important, c’est de pouvoir créer et partager afin de se rencontrer autour d’une histoire.

L’argent n’est pas le but de l’écriture mais il est le résultat d’une joie créative partagée.

Laurence

Image par Ryan McGuire de Pixabay